Le billetNicolas-Jean Brehon Le billetNicolas-Jean Brehon

Pollution et changement climatique sont devenus une nouvelle façon de penser. Les agriculteurs le savent bien. Ils ont beau travailler dur et tôt, dans toutes les conditions, avec des revenus aléatoires, ils sont vus par certains comme des pollueurs de la terre. Il y a quelques années, un journal avait fait le calcul des milliers de tonnes de CO₂ dépensés à l’occasion du sommet sur le climat. Un autre avait chiffré la « facture écologique » des déplacements officiels du président Sarkozy. Sept mille tonnes par an. Même si on ne sait pas ce que cela signifie exactement, cela impressionne tout de même.

Mais pendant qu’on y est, pourquoi ne pas aller plus loin et chiffrer le coût écologique des grèves et des mouvements sociaux du moment. Dans un embouteillage, la consommation de carburant double et passe en moyenne à 16 litres aux 100 km. Avec la clim, c’est à 7 % de plus. Cinq cents kilomètres de bouchons entraînent le ralentissement d’un million de véhicules.

Sans compter les embouteillages invraisemblables dans Paris depuis l’idée lumineuse de la maire de réserver l’accès des voies sur berges aux cyclistes et aux piétons, nombreux à se promener les jours de pluie, comme chacun sait. À l’intérieur des véhicules, l’air est carrément toxique, provoquant des crises d’asthme de plus en plus fréquentes. À Notre-Dame-des-Landes, les zadistes brûlent des pneus, dégagent des fumées noires mêlant pétrole, soufre, plomb, cadmium, etc.

Évidemment, rappeler ces effets toxiques ou polluants, c’est voir les choses par le petit bout de la lorgnette, c’est oublier les luttes et les combats. On ne fait pas la guerre en pensant aux pollutions ! Dommage d’ailleurs. Ne voir d’un phénomène qu’un aspect accessoire dont on exagère l’importance, c’est en général le choix rhétorique de personnes qui manquent de neutralité. Mais quand je vois que les éleveurs sont jugés sur les pets des vaches, j’assume.